Passage à l’heure d’hiver : quand les aiguilles reculent
Au fil des échanges avec nos adhérents, plusieurs insomniaques nous ont fait part des effets négatifs du changement d’heure sur leur sommeil. Certains même nous interrogent sur ce qu’il en est à ce propos : « Je croyais que c’était fini ? »
Si les aiguilles avancent et reculent, la législation en la matière stagne !
En effet, rappelons qu’en 2019, le Parlement européen s’était prononcé pour la fin du changement d’heure saisonnier avec une mise en application au plus tard en 2021. Il avait toutefois laissé la liberté aux États membres de décider s’ils souhaitaient conserver de manière permanente l’heure d’hiver ou l’heure d’été avant le 1er avril 2020. Une consultation publique en ligne a même été lancée pour connaître le souhait des Français. 83 % ont voté pour la suppression pure et simple avec une large majorité pour maintenir uniquement l’heure d’été.
Plusieurs experts spécialistes du sommeil ont démontré que ce changement d’heure pouvait perturber le sommeil, notamment chez les bébés, les personnes âgées et les malades. « Au printemps, l’insomniaque, qui dort déjà peu, se retrouve avec une heure de sommeil en moins », précisions-nous sur notre site Internet et nos réseaux sociaux (voir nos différents articles sur le sujet). L’heure d’été permanente présente même un facteur de risque sanitaire selon plusieurs études.
Quelles sont les avancées à ce jour ?
La crise sanitaire liée à la Covid s’est immiscée dans le calendrier de cette réforme. La commission européenne chargée du dossier a bien proposé de la reporter à 2023, mais il n’y a rien de concret au moment où nous écrivons ces lignes. Si l’on se réfère au site Internet www.service-public.fr, le site officiel de l’administration française, on peut y lire, en date du 23 octobre 2023 : « Ce texte sur la fin du changement d’heure n’est plus à l’ordre du jour. »
Donc, pour l’heure, rien n’a changé et il nous faudra encore passer à l’heure d’hiver le 28 octobre 2023. Dans la nuit du samedi au dimanche : à trois heures, il sera deux heures du matin.
Comme vous l’avez déjà fait par le passé, n’hésitez pas à nous envoyer vos témoignages (impacts de ce mini décalage horaire sur votre sommeil, comment le vivez-vous, astuces…) sur contact@franceinsomnie.fr
En vous souhaitant, malgré tout, de passer un excellent week-end rallongé d’une heure.
Pour la petite histoire
1784 : économies de chandelles
À en croire les historiens, le concept de changement d’heure remonterait à l’antiquité, mais les propositions les plus documentées ont pour objectif principal d’économiser l’énergie. En 1784, dans une lettre humoristique, Benjamin Franklin est le premier à avoir suggéré aux Parisiens de se lever plus tôt pour travailler et profiter de la lumière du jour : cela permettra d’économiser des bougies.
1895 : une affaire de papillons
L’idée a été reprise en 1895 par George Hudson (entomologiste néo-zélandais). Il souhaitait décaler les horloges de 2 heures au printemps pour bénéficier de plus de lumière du jour après le travail pour ses recherches sur les insectes.
1916 : économie de charbon
C’est l’Allemagne qui a introduit le changement d’heure au cours de la Première Guerre mondiale en 1916 pour économiser le charbon. D’autres pays ont rapidement adopté cette mesure.
XXe siècle : le ballet des aiguilles
En fonction des circonstances économiques et des besoins énergétiques, les pays n’ont cessé, au fil des années, d’adopter et d’abandonner ce changement d’horaire saisonnier. La France a mis en place l’heure d’été en 1917 avant de faire marche arrière à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Un décret du 14 août 1945 fixe l’heure légale avec une heure de décalage par rapport à l’heure de son fuseau horaire (temps universel coordonné : UTC+1).
1973 : premier choc pétrolier
Lors de la crise pétrolière des années 1970, de nombreux pays ont réintroduit le changement d’heure pour économiser l’énergie.
En 1976, le président Valéry Giscard d’Estaing, comme d’autres dirigeants européens très soucieux de limiter la facture énergétique de leurs pays, a instauré de manière officielle l’heure d’été et l’heure d’hiver. Cela ne devait être que temporaire, mais la succession des crises énergétiques en a décidé autrement.
1981 : harmonisation européenne
Dans les années 80, les membres de l’Union européenne ont un objectif commun : adapter l’activité d’un pays au rythme du soleil pour réduire la facture énergétique en limitant notamment l’éclairage artificiel. Un début d’harmonisation voit le jour avec la mise en place de l’heure estivale, mais loin d’être optimale, car chaque pays pouvait définir sa propre date de changement.
2000 : directive du Parlement européen
Pour simplifier les échanges au sein de l’UE, il a été décidé d’harmoniser les dates de changement d’heure. C’est l’objet de la directive du 19 janvier 2001 qui fixe définitivement les dates de changement d’heure à compter de 2002 : dans tous les pays membres, le passage à l’heure d’été s’effectue dans la nuit du dernier samedi au dimanche du mois de mars et celui d’hiver a lieu dans la nuit du dernier samedi au dimanche du mois d’octobre.
2015 : Une mesure qui fait débat
Entre certains avantages en termes d’économie d’énergie et inconvénients relatifs au bien-être et santé du public, chacun s’interroge quant à la pérennité d’un tel changement d’horaire saisonnier.
Ce dernier est de plus en plus contesté par les citoyens et son bénéfice reste controversé.
Avec le développement de produits de plus en plus économes en énergie et la généralisation de l’éclairage à basse consommation, les gains en énergie sont devenus marginaux. Par ailleurs, plusieurs études ont démontré l’impact négatif sur le sommeil et la santé des personnes fragiles.
2018 : consultation publique européenne
À la demande du Parlement européen, la Commission européenne a lancé une consultation publique durant l’été 2018 à l’échelle de l’UE. 84 % des 4,6 millions de réponses collectées, se sont prononcés pour la suppression du changement d’heure. La France a recueilli des résultats tout à fait similaires (83 %).
2019 : en chemin pour la suppression
Pour répondre à ce souhait exprimé par la population, la Commission européenne a présenté un projet de directive adopté en mars 2019 par le Parlement européen. Il prévoyait la suppression du changement d’heure saisonnier à compter de 2021. Chaque état membre devait choisir de rester à l’heure d’hiver ou à l’heure d’été avec la meilleure coordination possible entre les États membres pour le bon fonctionnement du marché intérieur.
2020 : un intrus s’invite à la table des négociations
La directive devait être adoptée et transposée par les différents états membres.
La suite, nous la connaissons tous, la crise sanitaire liée au Covid-19 a repoussé les échéances et les différentes crises qui secouent l’Europe depuis risquent de remettre aux calendes grecques cette réforme du changement d’horaire saisonnier.
Et ailleurs dans le monde ?
Plusieurs pays dans le monde comme l’Australie, le Canada, les États-Unis… appliquent des changements d’horaires saisonniers, mais de façon plus ou moins hétérogène en raison des grandes dimensions de leurs territoires comportant plusieurs fuseaux horaires.
D’autres pays n’ont jamais joué avec le temps ou abandonné ce ballet des aiguilles : l’Ukraine et la Russie ont choisi de rester à l’heure d’été depuis 2011, la Turquie depuis 2016, certains pays d’Afrique et d’Amérique du Sud…
Le plus
Qui un jour au cours d’une discussion relative au changement d’heure ne s’est pas embrouillé dans ses explications ? On avance, on recule ? Il fera nuit plus tôt, plus tard ?
Un moyen mnémotechnique simple pour ne plus se tromper :
Heure d’été
Le dernier week-end de mars annonce le mois d’AVril, donc on AVance les aiguilles de nos montres et horloges.
Heure d’hiver
Le dernier week-end d’octobRE, on REcule les aiguilles
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